Airbus qualifie son A350 de « meilleur bureau dans les airs », et ce n’est pas sans raison. Cet avion bénéficie de 50 ans d’innovation pour réduire la charge de travail des pilotes et garantir une meilleure sécurité à tous les passagers et à l’équipage. Outre les nombreux autres atouts de l’A350, ces avancées ont rendu cet avion très populaire auprès des pilotes et des transporteurs.
Dans cet article, vous découvrirez les différentes innovations mises en œuvre par Airbus pour faciliter le pilotage de l’A350 et comment elles ont été développées. Nous aborderons également les inconvénients qui ont affecté la popularité de cet avion auprès des pilotes.
L’avion a été conçu en collaboration avec des pilotes.
Ce sont finalement les pilotes qui connaissent le mieux les outils dont ils ont besoin pour accomplir leur mission correctement. C’est pourquoi Airbus a impliqué ses propres pilotes tout au long de la phase de conception de l’appareil. Selon l’avionneur, cette collaboration a permis de doter l’A350 du cockpit le plus avancé technologiquement de tous les avions commerciaux en service aujourd’hui.

Airbus met particulièrement en avant les six grands écrans identiques de l’appareil. Ils permettent aux pilotes de partager facilement les informations opérationnelles, garantissant ainsi une conscience de la situation optimale pour le commandant de bord comme pour le copilote. Ces écrans, tactiles et inclinés vers l’intérieur, restent toujours bien visibles et simples à utiliser. Outre les avantages pour les pilotes, leur conception repose sur du matériel et des logiciels totalement interchangeables, ce qui, selon Airbus, pourrait réduire de 80 % les coûts liés aux pièces détachées et à la maintenance.
Les pilotes ont également veillé à ce que le confort en poste de pilotage soit optimal. Le cockpit de l’A350 dispose ainsi d’une tablette escamotable, d’un siège inclinable avec soutien lombaire réglable, d’accoudoirs et d’appuis-tête ajustables, ainsi que d’une excellente visibilité de l’affichage tête haute et d’un espace généreux pour la tête. Ces mesures de confort sont essentielles à mesure que l’autonomie des avions commerciaux s’accroît et que les vols deviennent de plus en plus longs.
Mesures exhaustives visant à sensibiliser et à réduire la charge de travail
Les affichages tête haute ne sont pas le seul moyen utilisé par Airbus pour améliorer la vigilance et la charge de travail des pilotes, même si leurs capacités de visualisation météorologique sont essentielles. L’A350 a été conçu pour permettre aux pilotes de réduire les conséquences des pannes grâce à la fonction « What If » du système de gestion de vol. Les pilotes peuvent désormais simuler des scénarios virtuels en cours de vol, tels qu’une panne moteur, afin d’évaluer les capacités de l’avion dans toutes les conditions. Ils peuvent ensuite planifier leur itinéraire en conséquence.

Une autre fonctionnalité de pointe est le système de surveillance électronique centralisée de l’avion (ECAM), qui a été modifié afin que les pilotes puissent accéder rapidement aux informations. Plus important encore, les pilotes peuvent utiliser la fonction de répartition et les listes de contrôle de l’écran multifonctionnel (MFD) pour faciliter la répartition et les vérifications avant le vol. Les pilotes peuvent personnaliser les listes de contrôle afin d’isoler et de corriger les situations anormales.
Enfin, les équipages de l’A350 sont équipés d’un sac de vol électronique (EFB). L’EFB est un ordinateur portable ou une tablette qui contient une multitude de documents de référence, notamment des cartes de navigation et des informations essentielles sur l’A350. L’EFB remplace les volumineux sacs de vol que les pilotes devaient auparavant transporter, leur permettant ainsi d’accomplir leurs tâches sans avoir à fouiller dans de grandes piles de papier. L’EFB est également très interactif, ce qui permet aux pilotes d’utiliser les fonctions nécessaires de manière beaucoup plus efficace.
L’A350 est équipé de nouveaux systèmes améliorant la sécurité
Une grande partie du travail des pilotes consiste à assurer la sécurité des vols dont ils ont la responsabilité. Les dispositifs avancés de l’A350 réduisent considérablement cette charge. L’appareil intègre trois innovations majeures.
La première est le système Brake to Vacate et Runway Overrun Warning & Protection (BTV/ROW/ROP), initialement introduit sur l’A380 comme une innovation propre à Airbus. L’A350 développe encore cette technologie en intégrant des données sur l’état de contamination des pistes. Il dispose également d’une interface permettant aux pilotes de vérifier si l’avion peut atterrir en toute sécurité sur la piste assignée en fonction des conditions en cours.

Ensuite, l’A350 sera le premier avion commercial équipé d’un système de descente d’urgence automatique. Cette fonction est conçue pour les cas de dépressurisation rapide de la cabine, lorsque l’équipage peut perdre connaissance par manque d’oxygène en altitude. Si les alertes de dépressurisation restent sans réponse trop longtemps, l’A350 entamera automatiquement une descente vers une altitude sûre jusqu’à ce que l’équipage reprenne ses esprits et puisse à nouveau agir.
Enfin, le troisième dispositif avancé est le système de navigation aéroportuaire embarqué (OANS). Cet outil affiche une carte détaillée des aires de trafic dès qu’un pilote engage l’avion sur une voie de circulation. Le roulage devient ainsi beaucoup plus simple, les pilotes pouvant visualiser en temps réel toutes les pistes, les voies de circulation et la position précise de l’appareil par rapport à celles-ci.
La standardisation réduit la charge de travail liée à la formation
Apprendre à piloter un nouvel avion est toujours un processus long et exigeant pour un pilote. Selon son expérience et sa familiarité avec les appareils du constructeur, la formation peut durer plusieurs mois. Airbus a toutefois simplifié cette étape en introduisant de fortes similarités entre les cockpits de sa flotte actuelle. Cela se voit parfaitement avec les A330 et A350, dont les postes de pilotage sont remarquablement proches.

Cette approche a permis à Airbus de mettre en place la Cross Crew Qualification (CCQ), qui réduit le nombre de jours nécessaires pour qu’un pilote obtienne sa qualification sur A350. Ainsi, un pilote d’A320 a besoin de 11 jours de formation, un pilote d’A340 de 10 jours, et un pilote d’A380 seulement de 5 jours. Airbus a également introduit la qualification Single Fleet Flying et la Common Type Rating, permettant aux pilotes d’A330ceo et d’A330neo d’être qualifiés sur A350 en seulement 8 jours de formation, sans même passer par un simulateur de vol complet.
Cette standardisation profite autant aux compagnies aériennes qu’aux pilotes. Elle rend possible le Mixed Fleet Flying (MFF), c’est-à-dire la possibilité pour une compagnie de faire voler ses pilotes sur différents types d’appareils Airbus, offrant ainsi une flexibilité accrue dans la planification des équipages. Pour les pilotes, cela se traduit aussi par un environnement de travail plus varié, plus stimulant et plus agréable, puisqu’ils peuvent exploiter une gamme plus large d’avions et de réseaux.
Les inconvénients de piloter un A350 pour les pilotes
L’A350 intègre de nombreuses avancées qui rendent le travail des pilotes plus simple et plus sûr. Toutefois, l’appareil n’a pas toujours fait l’unanimité, car il présente aussi certaines faiblesses. Le premier inconvénient majeur est sa complexité. L’avion regroupe un grand nombre de systèmes sophistiqués, ce qui entraîne une courbe d’apprentissage abrupte pour les pilotes qui ne sont pas déjà familiers avec cette génération d’Airbus. Cela réduit mécaniquement le nombre de pilotes capables de l’exploiter efficacement. En parallèle, une grande partie de cette complexité est gérée par l’automatisation, ce qui peut amener certains pilotes à ne pas maîtriser pleinement l’avion qu’ils pilotent, et donc à perdre en conscience de la situation.

Des inquiétudes existent aussi concernant la fiabilité de l’appareil. Selon Golden Epaulettes, une initiative de formation aéronautique, l’A350 a connu certains problèmes de pannes de systèmes. Pour les compagnies, cela s’est traduit par des retards et des perturbations, tandis que les pilotes exprimaient des préoccupations légitimes en matière de sécurité.
Enfin, comme pour beaucoup d’avions modernes, le prix d’acquisition reste élevé et constitue une barrière pour de nombreuses compagnies. Selon Aaron Spray de Simple Flying, le coût catalogue de l’A350 se situe entre 300 et 350 millions de dollars, avec des remises accordées sur les commandes en volume. Malgré cela, Airbus a déjà enregistré près de 1 500 commandes et livré environ 700 exemplaires de la famille A350. Néanmoins, ce prix élevé implique qu’un pilote formé sur A350, en cas de perte d’emploi, pourrait avoir plus de difficultés à retrouver un poste dans une compagnie exploitant ce type d’appareil.