Un nouveau coup dur pour Boeing
Le nouveau fleuron long-courrier de Boeing, le 777X, voit une fois encore son calendrier repoussé. Selon Bloomberg News, l’entrée en service commercial du 777X n’interviendrait désormais qu’au début de 2027, alors qu’elle était prévue pour 2026. Ce nouveau retard, d’environ un an, s’ajoute à une longue série de reports qui affectent ce programme depuis son lancement, il y a plus de dix ans.
Les causes de ce glissement sont multiples : des difficultés dans la certification, des problèmes de production, mais aussi une pression réglementaire accrue depuis les scandales du 737 MAX. Pour Boeing, cette nouvelle échéance représente un coup dur tant sur le plan financier que sur celui de la réputation. Le groupe prévoit une charge comptable non cash estimée entre 2,5 et 4 milliards de dollars. Une somme considérable qui illustre l’ampleur du retard et la complexité du projet.
Les conséquences se font déjà sentir chez les compagnies clientes. Lufthansa, premier opérateur prévu du modèle, et Emirates, qui en est le principal acheteur, doivent à nouveau réviser leurs plans de flotte. Certaines compagnies estiment désormais que le Triple Sept X ne sera pas opérationnel avant la fin de 2027, voire le début de 2028. Cela représenterait un retard total de près de neuf ans sur le calendrier initial, un chiffre vertigineux pour un programme de cette ampleur.
Ce n’est pas une surprise totale pour les observateurs. Dès 2024, Boeing avait déjà repoussé l’entrée en service du 777X de 2025 à 2026, avant d’admettre, quelques mois plus tard, qu’il restait encore « beaucoup de travail » avant la certification. Le PDG de Boeing, Kelly Ortberg, avait d’ailleurs reconnu publiquement que l’entreprise peinait à respecter son calendrier. Les analystes, plus réalistes, anticipaient déjà une mise en service vers 2027.
Les compagnies clientes à bout de patience
Pour les compagnies aériennes, la patience s’épuise. Emirates, en particulier, exprime une frustration croissante. Sir Tim Clark, son président, avait prévenu dès mi-2024 qu’il doutait fortement des prévisions de Boeing. Il considérait alors une livraison entre le second semestre 2026 et le début de 2027 comme plausible, tout en admettant qu’une entrée en service en 2028 restait le scénario le plus probable. Ces propos se confirment aujourd’hui.

Le Triple Sept X représente pourtant une pièce maîtresse dans la stratégie future d’Emirates. L’appareil doit progressivement remplacer les Airbus A380 vieillissants et devenir le pilier de la flotte long-courrier. Avec ses moteurs GE9X, ses ailes pliables et sa cabine repensée, le 777X promet d’allier performance et efficacité. Emirates continue d’y croire, mais regrette ouvertement la lenteur de Boeing et son incapacité à tenir ses engagements.
Au-delà du mécontentement des compagnies, ce nouveau revers met en lumière les difficultés structurelles que traverse Boeing. L’entreprise peine à redorer son image après les crises du 737 MAX et les retards accumulés sur le Dreamliner. Le 777X devait symboliser la renaissance du constructeur américain, mais il devient au contraire le symbole de ses défis persistants.
Reste à savoir si Boeing saura regagner la confiance de ses clients et du public. Le 777X demeure un projet prometteur sur le papier, mais chaque report fragilise un peu plus la crédibilité du groupe. En attendant, les compagnies clientes, à commencer par Emirates et Lufthansa, devront une fois de plus s’armer de patience.
Et vous, pensez-vous que ces retards finiront par ternir durablement la réputation de Boeing ? Ou que le géant américain parviendra, malgré tout, à faire du Triple Sept X le succès qu’il promet depuis des années ?



